4.6.12

Partie de pêche et balade sur l’étang










C'est bien connu, la journée appartient aux gens qui se lèvent tôt... Et tôt, c'est juste avant qu'Apollon n'opère. Dans le port de Bages, il n'y a pas de marins qui chantent des rêves qui les hantent. A cette heure-ci, il y a le calme qui intrigue et le calme qui rassure. Au milieu des filets de pêche entreposés ça et là, une mouette, plus matinale que les autres, annonce les prémices d'une vie en éveil. Un pêcheur s'affaire. Notre regard glisse vers les eaux huileuses de l'étang, et sur ce miroir, la lueur se devine. Le bateau glisse aussi, l'aventure sera belle. C'est à bâbord que le spectacle va planter son clou. Et comme nous, des oiseaux par vol, flamants et goélands, arrivent car ils savent que c’est là que tout commence. Il faut à tout prix « capturer l'instant », mais l'instant nous échappe et en lui les ténèbres deviennent lumière, le repos...éveil, en un instant, la vie fuit vers la vie.











Trop tard. Trop tard pour toi le poisson qui émerge pour contempler la magie d'Apollon. Mais c'est toi qui annonce l'ouverture de notre partie de pêche. Alors nous commençons à égorger les escabènes, nous les enfilons comme des perles vivantes sur les hameçons et nous jetons au loin ces appâts en espérant qu'ils soient dévorés au plus vite. Le frétillement de la saucanelle ressenti au bout de nos mains garantit non seulement notre repas, mais aussi une jubilation intérieure certaine. Quel plaisir de mouliner à la hâte, discrètement tout de même pour mieux surprendre, et ramener dans un élan de fierté, au bout du crin la rançon de la gloire, le butin des gens auxquels la journée appartient car ils se sont levé tôt, la Médaille d'Argent ! Nous pêchons sans répit, que ça morde ou pas, l’essentiel étant... que ça morde !














L’heure du repas approche, il va falloir lever l’ancre. La chaleur a chassé la brise matinale. Mais aspirer à un peu de fraîcheur n’est que prétexte pour improviser une baignade dans ces eaux presque tropicales. Oui, c’est l’étang de Bages, pas de vase, sable fin. C’est « La Sèche » et c’est tropical !

Peut-être parce qu’il est de jouvence, ce bain semble réveiller chez les anciens des réflexes d’antan, gestes d’enfants en bas âge, gestes de barbotage...
















La balade sur l'étang s'achève. Ce n’est plus la douceur, ni la timidité matinale qui nous habitent. A cette heure-ci, le bateau ne glisse plus, il se dresse et il fouette, nous nous cramponnons à n’importe quoi pour affronter l’air qui nous déséquilibre. Par moments, une vague nous éclabousse toujours un peu plus. L’aventure fût belle. On se tait. On pense déjà à la prochaine balade sur l’étang. Balade entre la nuit et le jour, entre la mer et la terre, entre le rêve et la réalité.


A ce moment-là, la journée ne fait que commencer...


Elle nous appartient encore.





Isabelle Pamies

2 commentaires:

  1. Wouaaa !! <3 Quelle écrivain !! Ce texte est tout simplement splendide et émouvant !! Vive les Grandes vacs' pour pouvoir revivre ça ! Je t'aime foort Maman :D <3

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